Les besoins nutritionnels de la jument gestante
La gestation des juments dure 11 mois. Elle débute par une phase embryonnaire de 40j et jusqu’à 6 mois le fœtus ne prends que 17% de son poids de naissance. C’est pendant le dernier tiers de la gestation que la croissance du poulain augmente considérablement, notamment le dernier mois, au cours duquel le poulain prend 50% de son poids final.
Evolution des besoins énergétiques des juments gestantes
C’est donc le dernier tiers de gestation et plus particulièrement le dernier mois qui demande le plus d’apports en énergie. Jusqu’au 5ème mois de gestation, les besoins énergétiques sont les mêmes que les besoins d’entretien fournis majoritairement par du fourrage ou l’herbe.
Le choix de la forme d’énergie à apporter a son importance. En effet, en raison de la place prise par le poulain en fin de gestation, la capacité d’ingestion de la jument n’est pas suffisante pour couvrir l’augmentation des besoins énergétiques. L’alimentation apportée doit donc être plus dense en énergie, notamment en protéines, avec des protéines de meilleure qualité, riches en acides aminés essentiels comme la Lysine.
En termes de glucides, les repas à base d’amidon, entrainent une forte réponse glycémique et exacerberaient ainsi les prédispositions génétiques au développement des maladies orthopédiques, tel que l’ostéochondrose. Ainsi, il peut être conseillé de remplacer une partie de l’amidon et des glucides de la ration par des lipides et des fibres.
Les lipides ont aussi l’avantage d’optimiser l’absorption des vitamines A, D et E. De plus, acides gras essentiels comme les omégas 3 amélioreraient l’environnement utérin, le développement de l’embryon et le développement cognitif du poulain. Il faudra malgré tout veiller à ne pas les donner en trop grande quantité pour éviter des effets néfastes lié au surpoids de la jument.
Apport en minéraux et vitamines
Durant la gestation, les besoins en minéraux comme le cuivre, le sélénium, le zinc et le fer augmentent de 20%. Particulièrement, l’apport de sélénium dans la ration est déterminant car un déficit pourrait être à l’origine de la maladie des muscles blancs chez le poulain à sa naissance (maladie souvent fatale). Le passage se fait majoritairement via le placenta et très peu via le colostrum, d’où l’importance de supplémenter la ration de la jument en fin de gestation. Le sélénium agit aussi conjointement avec la vitamine E sur le renforcement du système immunitaire du poulain.
D’autre part, le cuivre aurait un rôle protecteur sur les affections ostéo-articulaires du poulain.
Le calcium et le phosphore, essentiels à la formation des os, peuvent, en cas de carence ou d’excès, prédisposer à des troubles osseux et cartilagineux (le rapport Ca/P doit être compris entre 0.8 et 3.1).
Les besoins en vitamine A et E augmente de 60% en fin de gestation, et ceux en vitamine D augmentent de 80%.
Recommandations
Pour le dernier mois de gestation, critique en énergie, il est donc généralement recommandé de faire un « steaming up », c’est-à-dire de rajouter des compléments concentrés en préparation du poulinage, pour :
- Compenser de la chute terminale d’appétit lors de la gestation
- Permettre une bonne fin de croissance fœtale
- Augmenter la richesse du colostrum
- Permettre une montée laiteuse rapide et abondante
- Permettre une relance rapide du fonctionnement ovarien post-partum
En parallèle, on surveillera attentivement l’état corporel de la jument tout au long de la gestation.
La surcharge pondérale est un facteur de risque de difficultés à la mise bas et de défaut de production laitière. De plus, des poulains nés de juments trop grosses seraient plus à risque de présenter des anomalies orthopédiques, et de devenir obèses à long terme. On veillera donc à ne pas suralimenter la jument.
Par ailleurs, une jument trop maigre mettra plus de temps à revenir en chaleur après la mise-bas et produira moins de lait. La sous-nutrition de la jument gestante peut aussi retarder la maturité du poulain, bien qu’il se développe correctement in-utero.
On conseille donc de maintenir la jument à une note d’état corporel inférieure à 5/9, repérable notamment par des côtes peu visibles mais aisément palpables.
Bien-sûr, à côté de cela, il sera important de vérifier l’absence de plantes toxiques et tératogènes (qui pourraient induire des mutations chez le poulain in utero, parfois létales).